Ce que le silence garde.
C'est fini.
C’est exactement ce que j’ai pensé en appuyant sur la touche envoi de ce SMS ce jour-là. Dans ces quelques lignes s’était déversée toute la colère accumulée depuis le matin.
Tout avait commencé par un appel, censé n’être qu’une simple prise de nouvelles. Elle me racontait ses derniers événements, ses épreuves traversées, et surtout cette nouvelle aventure dans laquelle elle se lançait avec une assurance désarmante. Plus elle parlait, plus je prenais conscience de mon impuissance. Je ne pouvais pas la raisonner. Pas la détourner de ses choix. Et de quel droit, au fond, m’immiscer ainsi dans sa vie ? C’était la sienne, pas la mienne.
J’étais sidérée. J’avais cru que ma mission était de l’aider, de l’épauler coûte que coûte. Mais là… ses décisions me dépassaient, me heurtaient. La voir courir droit au mur m’était devenu insupportable. Lorsque nous avons raccroché, une colère sourde s’est mise à enfler en moi.
Quelques heures plus tard, incapable de la contenir davantage, j’ai saisi mon téléphone. J’ai jeté cette rage dans un message sec, tranchant. En appuyant sur envoi, j’ai su que je scellais la fin de notre histoire. Une amitié de plus de vingt ans.
Quand la colère est retombée, il ne restait qu’un sentiment inattendu : le soulagement. J’étais déterminée. Sans aucun regret.
Nous nous sommes revues dans une tentative d’explication vite avortée. Puis il y eut encore quelques SMS, sans aucun retour en arrière possible. Et puis, un jour, plus rien. Silence radio.
Cela fait plus d’un an maintenant. Je pense encore à elle, presque tous les jours. Je vois ses posts sur Facebook. Je n’ai pas le courage de la retirer de mes amies : c’est le seul lien qui me reste.
Avant, face à chaque épreuve, chaque difficulté, mon premier réflexe était de me tourner vers elle. Cette amitié avait été mon refuge, mon évidence. Je croyais que sans elle, je n’arriverais jamais à surmonter les épreuves. Et pourtant, si. J’ai trouvé en moi la ressource de me tourner vers d’autres. Pas de “meilleures” amies, non. Mais quelques personnes bienveillantes, attentives. Pas des dizaines : une, deux, peut-être trois… et puis ma psy.
La solitude est plus présente aujourd’hui. Je sais que je n’aurai plus de “meilleure” amie. Je suis devenue méfiante. Je ne crois plus pouvoir ouvrir mon cœur comme je l’ai fait avec elle. Ce n’est pas mieux, ce n’est pas pire. C’est juste… différent.
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